La progression ? C’est une question de Công Phu …
Dans notre école, il n’y a bien sûr pas d’âge limite à la pratique, ni d’obligation de résultats, ni de participation obligatoire à des compétitions. Il s’agit surtout, pour progresser, de faire de son mieux, en tâchant de pratiquer et de parfaire tout ce que l’on apprend, mais sans griller d’étape. La progression est progressive !
Il est donc inutile de chercher à apprendre toujours plus de nouvelles techniques et applications, de nouveaux enchaînements, ou de viser une nouvelle barrette sur sa ceinture… si l’on ne sait toujours pas se tenir fermement en posture de combat, ou si l’on n’arrive pas encore à donner un coup puissant sans se blesser au poignet. Les maîtres et professeurs, qui sont tous passés par le chemin de l’apprentissage, sont aptes à savoir quand un élève est prêt à apprendre plus.
Plutôt que de penser sa progression au futur (« Pourrai-je bientôt apprendre autre chose? Pourrai-je bientôt passer un nouveau grade? »), il faut penser sa pratique au présent (« Suis-je assez bas sur mes positions? Mon poing est-il bien fermé? Ma frappe utilise-t-elle bien toute la puissance de mon corps? »).
L’obtention d’un grade n’est pas un objectif en soi, celui-ci valide le travail personnel de chacun, qui doit tendre vers le véritable objectif : la maîtrise de son art. Ce n’est pas un hasard si l’un des mots d’ordre de Vạn An Phái est Nhẫn, « patience », et si au Viêt Nam comme en Chine, la recherche de la maîtrise personnelle, en tous domaines, s’appelle le Công Phu (Kung Fu) !
Remise de grade et de ceinture par Maître Kim lors d’un stage au Viêt Nam
Les ceintures de couleur, système assez récent dans les arts martiaux vietnamiens
Autrefois au Viêt Nam, les arts martiaux étaient généralement enseignés de manière confidentielle, dans la famille ou à des groupes d’élèves restreints, bien connus de leur maître et des autres pratiquants. Seule l’armée bénéficiait alors d’un enseignement plus généralisé.
Les écoles vietnamiennes d’arts martiaux n’avaient donc pas besoin d’un système de niveaux représentés par des ceintures de couleur, car chacun connaissait le niveau des autres pratiquants.
Mais les Ecoles de Võ se sont progressivement ouvertes à un large public, et de nos jours certaines d’entre elles ont un nombre très important de pratiquants. C’est pourquoi les écoles d’arts martiaux du Viêt Nam ont décidé, il y a quelques décennies, de s’instaurer un système de ceintures de couleurs pour représenter les niveaux de leurs pratiquants, comme dans certains arts martiaux japonais.
Par contre, la correspondance entre les niveaux et les couleurs du Viêt Nam est très différente de celle du Japon. Le noir est la couleur du niveau de base des nouveaux pratiquants, tandis que le blanc est la couleur du niveau de maître !
Le système Vạn An Phái est le suivant :